Nicolas Joubard
« D’emblée l’institut Pasteur a radicalement modifié la forme de la fiction que nous avions commencée à imaginer au TNB.
Après avoir répété quelques heures dans ce lieu où nous questionnions les relations qu’entretient l’acteur avec l’espace urbain, nous avons vu la possibilité de faire émerger un « territoire théâtral » qui se définirait en fonction de la vie intrinsèque du lieu et de notre capacité à le fantasmer collectivement .
Nous avons donc décidé de continuer à investir et à explorer cet espace, tout en menant de front la ligne thématique que nous nous étions fixée au commencement du travail, c’est-à-dire : le partage de l’intime.
Au fur et à mesure des jours, les situations que nous avons explorées ont chacune développer des potentiels qui sont devenus des axes forts du travail, par exemple :
– ce territoire où se déploie notre création interroge immédiatement le rapport au public tel qu’il est pensé, pratiqué, normé d’ordinaire au théâtre. De quelle nature sera la rencontre avec les spectateurs dans ce territoire ?
– le réel imposé par le lieu pose concrètement la question du théâtre comme scène du réel. Il soulève les questions de la vraisemblance, de l’illusion, de la manipulation au théâtre,comme dans la vie même.
– nous investissons intimement cet espace, or nous souhaitons que celui-ci soit arpenté et traversé par le public. Quelles seront les frontières et les limites du public du privé et de l’intime dans ce territoire commun ?
– l’héritage que nous recevons de ce lieu fait que, si nous l’habitons, lui aussi nous habite. Il a une profondeur. C’est un monde sensible, se pose alors la question de comment nous sommes affectés par ce qui nous entoure (et nous ne pouvons qu’être affectés par ce qui nous entoure).
Comment serons-nous affectés par les paroles et les mouvements de ceux que nous recevrons en ces murs ?
– ainsi l’écriture scénique et dramatique est à chaque moment expérience, mise à l’épreuve, conflit, et recherche d’harmonie entre espaces et thématiques. Les uns ne devant jamais manger les autres. C’est cet entre-deux que nous explorons.
Voici énoncées quelques exemples de pistes, qui sont aussi pour nous des pistes pédagogiques, et qui traversent Constellations.
Il s’agit de n’en négliger ni de n’en privilégier aucune, mais bien au contraire de créer un faisceau de liens entre toutes. Et de ces liens, créer une condition commune, une puissance discrète d’où émergent des rapports et des formes qui là aussi se jouent des frontières et des limites. À nous de les combiner stratégiquement ou de laisser faire l’aléatoire pour que vous y trouviez votre place et fassiez votre part.
Il s’agit ici de faire théâtre de tous corps et de tout espace.
Comme la création de jeux, et de rapports à partir de tout espace que vous décidez d’investir peuvent créer des situations potentiellement riches et joyeuses elle-mêmes créatrices de fractures et failles dans la société telle qu’elle se survit, ainsi il en va de même nous l’espérons avec Constellations. »
Éric Lacascade
Distribution
MISE EN SCÈNE : Éric Lacascade /
AVEC : Pénélope Avril / Leslie Bernard / Laure Catherin / Julien Derivaz / Matthias Jacquin / Chloé Lavaud / Chloé Maniscalo / Hector Manuel / Joaquim Pavy / Lou Rousselet / Georges Slowick / Ophélie Trichard / Gaëtan Vettier / Alexnadre Virapin-Apou / Adéle Zouane /
EN COLLABORATION AVEC : Laure Werckmann / Roland Fichet / Emmanuel Clolus /
LUMIÈRES : Stéphane Babi Aubert /
EN PARTENARIAT AVEC : L'université foraine de Rennes / Ville De Rennes /